Quel choc ! En cette douce période de vacances, tranquillement installé autour d'une table à partager un verre avec ma moitié (nota bene : ce n'était pas un demi !), j'ai découvert, effaré, la bande-annonce d'une émission en prime time prévue demain soir.
Il y était question du Sénégal, le pays que jai visité en août 1988, à l'aube de mes quatorze ans. J'ai vécu trois semaines hors du temps, à bien des égards... Aujourd'hui, nombreux sont les souvenirs qui me reviennent ponctuellement. Le village de M'bour résume à lui seul le bien-être dans lequel je m'étais enveloppé pendant le séjour : luxe, exotisme, farniente, oisiveté, jouir du bonheur présent.
Les calendriers les plus récents indiquent que nous sommes en 2009. Où donc est cette fameuse piscine bordée de cocotiers, où sont les alléchants buffets de mets promis aux occidentaux bien portants quand l'on apprend que des enfants _ des enfants ! _ mendient dans les rues de M'bour ?
La pauvreté, la misère, les immondices !
On est bien loin de ma vision de M'bour. Malheureusement, je sais que l'image que je conserve précieusement de cette période est tronquée.
La réalité est cruelle, elle est celle de l'Afrique d'aujourd'hui comme elle fut déjà celle d'hier, que l'on évite précautionneusement de montrer à ceux qui vivent dans l'opulence. Certes, je ne suis pas le Candide de Voltaire car, si le Sénégal m'a inspiré l'écriture de mon premier roman, il ne m'a cependant pas ôté toute clairvoyance. C'est cette même clairvoyance qui m'a explosé au visage ce soir.
Je ne sais encore si j'aurai le courage de regarder Thalassa demain soir ?... Comment peut-on encore parler d'égalité entre les peuples lorsque l'on fuit une réalité qui nous incommode ?